Rassemblés autour de trois tables qui résistent courageusement aux attaques déchainées de plusieurs protagonistes, une douzaine de convives, plombés par une vie saturée de drames familiaux plus ou moins avouables, se retrouvent pour célébrer un impossible dialogue et sacrifier au rituel des illusions perdues. Autour de la soupe intergénérationnelle, les affres du couple, les mystères de l’héritage, les facéties de la filiation tissent une trame molle entre trois moments de théâtre : Brecht, Lagarce et une création collective. Le triptyque ne parvient malheureusement pas à convaincre, faute d’avoir su entretenir entre ces trois lieux la distance suffisante. Faute également d’avoir su s’appuyer sur une véritable réflexion d’acteur en prise avec ce défi. On retrouve donc, inlassables redites, les mêmes mimiques chez certains, le même rythme où domine le jeu individuel sans dynamique d’ensemble : un collectif sans collectif. Le train s’arrête ainsi toutes les deux minutes pour laisser passer de longs monologues, pour certains réussis, tandis que les autres écoutent, rattrapent difficilement la balle au bond, attendent de pouvoir partir à leur tour. L’ennui finit par dominer, d’autant que les mêmes clopes, les mêmes verres de vin circulant d’un bord à l’autre finissent par donner l’impression que le public dérange un huis clos à l’essai, une répétition laborieuse d’exercice de style. On reste ainsi enfermé dans une duplication de format, où les coups de gueule et les accélérations de rythme finissent par tous se ressembler, entrainant un effet de saturation et de redite exaspérant. Le choix du traitement par grands tableaux ne fonctionne guère et se transforme en vaste piège dans lequel les acteurs, dépourvus de cartouche, finissent par se heurter à la reproduction des mêmes clichés et par reproduire les mêmes poncifs.
Quant à la thématique, pour actuelle ou éternelle qu’elle soit, elle nous rappelle tristement une certaine pauvreté contemporaine, où le rapport intergénérationnel, le lien familial sont traités sous un angle désespérément psychologisant. La question du legs idéologique est réduite à ses effets affectifs et ne produit que des démonstrations d’ego qui explosent en vol, sans négliger de se frotter les uns aux autres. Déjà-vu.
Quant à la thématique, pour actuelle ou éternelle qu’elle soit, elle nous rappelle tristement une certaine pauvreté contemporaine, où le rapport intergénérationnel, le lien familial sont traités sous un angle désespérément psychologisant. La question du legs idéologique est réduite à ses effets affectifs et ne produit que des démonstrations d’ego qui explosent en vol, sans négliger de se frotter les uns aux autres. Déjà-vu.