Récit silencieux, peuplé de figures fantomatiques, acteurs frêles et improbables d’un drame qui se joue sans se jouer, « Intérieur » déploie sa trame sur l’anticipation de l’instant décisif, celui qui fait que l’avant et l’après ne pourront plus jamais se rejoindre. Question métaphysique installée au creux d’un drame humain, celui de la perte d’un être cher. L’ordre domestique vacillera dans quelques minutes, vers le malheur, l’indicible, la perte de soi, le néant. Les porteurs de la mauvaise nouvelle, tristes hérauts, défilent devant la maison éclairée, y observent le manège de la famille qui se tient encore dans l’ignorance de la noyade de la jeune fille. Ils hésitent sur la marche à suivre tandis que le cortège funèbre pointe déjà à l’horizon, transportant son lourd fardeau. Ils seront bientôt là, monteront par le côté de la maison.
La dissection de ce moment d’avant se poursuit au rythme lent et lancinant d’un non-retour. Deux mondes cohabitent, que tout oppose en apparence : savoir et ignorance, innocence et culpabilité, lumière et ombre : « Elle ne sait pas ce qu'elle regarde; ses yeux ne clignent pas. Elle ne peut pas nous voir; nous sommes dans l'ombre des grands arbres. » Dans la mise en scène de Claude Régy, le trouble nait toutefois au-delà de cette opposition, car ce sont deux formes de pénombres qui se côtoient, les tracés de cet intérieur sont si fragiles, suggérées par un halo de lumière que rien ne soutient vraiment, en dehors de la force de la croyance et la justification du regard. Quand tout distingue encore ces deux mondes, on les entend vibrer dans une étrange contamination. Au son guttural de ces voix qui laissent échapper, en japonais, au prix d’efforts visibles, une forme de mélopée, un dit-de-souffrance toujours en quête de modulations nouvelles.
La vie et la mort se mêlent dans cette étrange cohabitation qui retient le temps tout en rendant son progrès inéluctable, plus fort encore. La fragile figure de l’habitant en sort atténuée, cet affaiblissement questionne notre présence au monde. Elle s’étale pourtant, lentement, émerge à peine de ces ténèbres bleutées. Elle résonne longtemps, d’un timbre sourd et obstiné.
La dissection de ce moment d’avant se poursuit au rythme lent et lancinant d’un non-retour. Deux mondes cohabitent, que tout oppose en apparence : savoir et ignorance, innocence et culpabilité, lumière et ombre : « Elle ne sait pas ce qu'elle regarde; ses yeux ne clignent pas. Elle ne peut pas nous voir; nous sommes dans l'ombre des grands arbres. » Dans la mise en scène de Claude Régy, le trouble nait toutefois au-delà de cette opposition, car ce sont deux formes de pénombres qui se côtoient, les tracés de cet intérieur sont si fragiles, suggérées par un halo de lumière que rien ne soutient vraiment, en dehors de la force de la croyance et la justification du regard. Quand tout distingue encore ces deux mondes, on les entend vibrer dans une étrange contamination. Au son guttural de ces voix qui laissent échapper, en japonais, au prix d’efforts visibles, une forme de mélopée, un dit-de-souffrance toujours en quête de modulations nouvelles.
La vie et la mort se mêlent dans cette étrange cohabitation qui retient le temps tout en rendant son progrès inéluctable, plus fort encore. La fragile figure de l’habitant en sort atténuée, cet affaiblissement questionne notre présence au monde. Elle s’étale pourtant, lentement, émerge à peine de ces ténèbres bleutées. Elle résonne longtemps, d’un timbre sourd et obstiné.