La performance de Fabrice Mazliah et Ioannis Mandafounis laisse pantois. Les mouvements et les paroles tissées-proférées en continu par ce duo de danseurs-performeurs en imposent notamment par une cadence et une tenue de route à couper le souffle. Peuplés de mille récits encastrés, incarnés par un enchaînement de gestes et de micro situations sans cesse renouvelées, ils font clignoter un paysage éclaté dans un fourmillement de récits, criblé d’autant de personnages. Le fil existe cependant, pas très loin, dans l’écho que la parole de l’un suscite, obstinément, dans la voix de l’autre. Le « disassemblage » permanent est mené à train d’enfer. C’est peut-être la prouesse performative de la parole qui impressionne le plus, peuplée par l’obsession de l’oubli ? La tentation de l’exhaustivité ? A la Austin : « Quand dire c’est faire… ». Elle court après des bribes de vie qui forment un puzzle en devenir permanent. Les mouvements des deux performeurs finiront par se rencontrer, après avoir choisi des voies longtemps distinctes. La jointure finira par se faire, lentement, malgré ce rythme soutenu, et s’achèvera dans un doux face-à-face, plein d’une quiétude retrouvée. Une reconstruction, un retour à la danse ?
Cette course effrénée, impossible assemblage, dit peut-être quelque chose de l’angoisse de la scène, du performeur attelé à contrôler mille détails. De la difficulté aussi d’être et de jouer ensemble. Un « être-sur-scène » pris au rouet de ses angoisses. On s’en réjouirait presque.
Cette course effrénée, impossible assemblage, dit peut-être quelque chose de l’angoisse de la scène, du performeur attelé à contrôler mille détails. De la difficulté aussi d’être et de jouer ensemble. Un « être-sur-scène » pris au rouet de ses angoisses. On s’en réjouirait presque.