Alors que le rôle historique et politique de la question scolaire en France ne fait pas de doute, le retour en tête de gondole des querelles et questions débattues sans mollir dans les mêmes termes depuis plus de ... trente ans au moins fait réfléchir. Il ne donne pas une image flatteuse de la réflexion française sur l'école, là où tant de réalités historiques, professionnelles et humaines nous offraient un espace de légitimité et d'humilité incomparable en Europe. Un véritable outil de respect et d'influence.
Mon désarroi est profond. En témoigne l'émission de ce midi dans "les pieds sur terre" sur France Culture, et j'en passe de pires succédanés. J'ai cru replonger dans les débats qui auguraient si mal de la création des ... IUFM au tout début des années 90 ! Opposition entre pédagogues et républicains, didacticiens et discipliniens, éduquer et instruire, respect de la tradition contre adaptation aux nouvelles donnes de la modernité, étude contre profession ... On ne sort pas de ces schémas stériles.
Alors s'ils perdurent c'est qu'il y a bien une raison ...
A coup de réformes, de rapports, de commissions, d'études diverses et variées qui se succèdent désormais sans discontinuer, à coup d'obsession sur la question des programmes, dont je prétends qu'elle est secondaire, à coup d'offensive médiatique où se donne à voir la complaisance d'une caste de chercheurs, débatteurs, profs en rupture de ban qui ont fait du bavardage sur l'école un fond de commerce juteux, protéiforme, qui se substitue bel et bien à la saine confrontation avec les réalités, la rhétorique est seule reine. Elle tient le haut du pavé, sanctionne, érige, coule des sentences dans le marbre des bonnes consciences parentales, habitées par la question du rendement.
A qui profite ce débat sinon à ceux qui l'animent, le reproduisent sans imagination ni talent, offrant toutefois à l'université, aux éditeurs des lots de publications, des places au soleil, des salaires, de la pseudo-science ? Des perches tendues aux politiques, et non des moindres ...
Le système éducatif français est d'abord gangréné par ce mal qui veut que se soit développée autour et dans l'école une pléthore d'activités de consultation, conseil, qui sous couvert de formation et de nouveaux défis à relever agit sans coup férir pour reproduire sur l'école un discours désastreux, obsessionnel, improductif, et dévaloriser l'artisanat, si discret, des pratiques gouvernées par le seul souci de la réflexion en acte. Il trouve un écho toujours renouvelé au sein des autorités en mal d'affichage, qui discernent dans ces réseaux constitués de formidables caisses de résonance et un illusoire confort de débat démocratique. La persévérance et la ruse avec laquelle ces profiteurs alimentent les constats alarmistes et les "remédiations" (sic) opportunes ne doit pas cacher une réalité qu'il convient de redire: la pauvreté de ce débat reste aussi dans le monde scolaire et paraéducatif une formidable machine à nourrir carrières, postes, positions de pouvoirs et petits profits. L'Education nationale française se meurt de son impuissance à faire le ménage dans tout ce fatras, auquel elle consacre, outre une soumission idéologique totale, des moyens considérables.
Il serait illusoire de ne pas faire de lien entre l'exploitation éhontée de la crise dite de l'école et la machine rhétorique qui depuis trente ans la produit, en prétendant la décrire et la diagnostiquer. Quand le remède accentue le mal ... Il y a trop longtemps que la dénonciation des inégalités ne sert plus que de prétexte à alimenter cette logorrhée, avec à la clé les juteux marchés de la remédiation. Quand la querelle dite scolaire ne fait plus qu'alimenter de nouveaux marchés, le véritable démocratique est mort.
Le rôle de la sociologie est de dresser la cartographie de cette faune qui, de l'intérieur du système en passant par l'université, le monde éditorial et journalistique a fait de la question scolaire un bavardage idéologique nuisible et pervers.
Amis sociologues au travail !!
Mon désarroi est profond. En témoigne l'émission de ce midi dans "les pieds sur terre" sur France Culture, et j'en passe de pires succédanés. J'ai cru replonger dans les débats qui auguraient si mal de la création des ... IUFM au tout début des années 90 ! Opposition entre pédagogues et républicains, didacticiens et discipliniens, éduquer et instruire, respect de la tradition contre adaptation aux nouvelles donnes de la modernité, étude contre profession ... On ne sort pas de ces schémas stériles.
Alors s'ils perdurent c'est qu'il y a bien une raison ...
A coup de réformes, de rapports, de commissions, d'études diverses et variées qui se succèdent désormais sans discontinuer, à coup d'obsession sur la question des programmes, dont je prétends qu'elle est secondaire, à coup d'offensive médiatique où se donne à voir la complaisance d'une caste de chercheurs, débatteurs, profs en rupture de ban qui ont fait du bavardage sur l'école un fond de commerce juteux, protéiforme, qui se substitue bel et bien à la saine confrontation avec les réalités, la rhétorique est seule reine. Elle tient le haut du pavé, sanctionne, érige, coule des sentences dans le marbre des bonnes consciences parentales, habitées par la question du rendement.
A qui profite ce débat sinon à ceux qui l'animent, le reproduisent sans imagination ni talent, offrant toutefois à l'université, aux éditeurs des lots de publications, des places au soleil, des salaires, de la pseudo-science ? Des perches tendues aux politiques, et non des moindres ...
Le système éducatif français est d'abord gangréné par ce mal qui veut que se soit développée autour et dans l'école une pléthore d'activités de consultation, conseil, qui sous couvert de formation et de nouveaux défis à relever agit sans coup férir pour reproduire sur l'école un discours désastreux, obsessionnel, improductif, et dévaloriser l'artisanat, si discret, des pratiques gouvernées par le seul souci de la réflexion en acte. Il trouve un écho toujours renouvelé au sein des autorités en mal d'affichage, qui discernent dans ces réseaux constitués de formidables caisses de résonance et un illusoire confort de débat démocratique. La persévérance et la ruse avec laquelle ces profiteurs alimentent les constats alarmistes et les "remédiations" (sic) opportunes ne doit pas cacher une réalité qu'il convient de redire: la pauvreté de ce débat reste aussi dans le monde scolaire et paraéducatif une formidable machine à nourrir carrières, postes, positions de pouvoirs et petits profits. L'Education nationale française se meurt de son impuissance à faire le ménage dans tout ce fatras, auquel elle consacre, outre une soumission idéologique totale, des moyens considérables.
Il serait illusoire de ne pas faire de lien entre l'exploitation éhontée de la crise dite de l'école et la machine rhétorique qui depuis trente ans la produit, en prétendant la décrire et la diagnostiquer. Quand le remède accentue le mal ... Il y a trop longtemps que la dénonciation des inégalités ne sert plus que de prétexte à alimenter cette logorrhée, avec à la clé les juteux marchés de la remédiation. Quand la querelle dite scolaire ne fait plus qu'alimenter de nouveaux marchés, le véritable démocratique est mort.
Le rôle de la sociologie est de dresser la cartographie de cette faune qui, de l'intérieur du système en passant par l'université, le monde éditorial et journalistique a fait de la question scolaire un bavardage idéologique nuisible et pervers.
Amis sociologues au travail !!